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9 août 2016 2 09 /08 /août /2016 08:48

Avec ces choses très fragiles

Mes bras, mes yeux, avec mon corps

Je suis allé, chère, tranquille

Vers le grand mal de vos trésors.

Quelques rires, et de moi-même

J'ai tellement abandonné,

Que ce plaisir des mots que j'aime

Ne sera plus, hélas, donné -

Quel oiseau d'une autre lumière

Chante ici, n'entendez-vous pas

D'une parole, la dernière,

Mourir la caresse si bas,

Alors que le désir me touche

De vos lèvres, de votre bouche ?

***

Ce "sonnet" est tiré de "Poèmes" Pierre FRAYSSINET. PARIS. Le Divan. 1931. Pages 80-81.

Voici quelques liens qui concernent ce poète mort précocément:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Frayssinet

http://data.bnf.fr/13485111/pierre_frayssinet/

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 23:59

L'anglicane torpeur d'un dimanche à Genève

Éteint maussadement cette fête où ne luit

Ni lampe ni soleil. Il vente. Un mauvais rêve

Est ce qui nous tient lieu du réel aujourd'hui.

Le jour est gris, d'un gris d'absence. La fumée

Sent la Bible. Univers morne et sans clinamen, (1)

Un manège s'obstine en geignant et l'Armée

Du Salut dresse au Christ une baraque. Amen !

Plus forte que le dieu, sur l'estrade voisine,

Au bras d'un gigolo solitaire et valseur,

Une idole à froufrous, se balançant, fait mine

D'exister. Faux semblant de femme, avec lenteur

Elle mène, la tête en retard, en avance,

Le vivant, prisonnier du cadavre qui danse.

(L'autre côté du jour)

***

(1) au sens de "liberté".

Je tire ce texte du numéro 71 de septembre 1961 d'une petite revue: "La Tour de Feu - Revue Internationaliste de Création Poétique".

Ci-dessous quelques adresses où trouver d'assez maigres précisions sur ce poète français socialiste, pacifiste qui s'exile en Suisse lors du premier conflit mondial.

http://www.unifr.ch/grhic/revues/collaborateur.php?id=49

http://cgecaf.ficedl.info/mot3078.html

***

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 15:02

Dans le murmure lent de la vague calmée,

Triste et tendre à la fois, chant mystique et mouvant,

Debout sur ce rocher, tu disais en rêvant

Des mots qui se perdaient dans la brise embaumée...

 

 

"Qui seras-tu ? toi qui dois-être mon aimée !

"Je ne te connais pas et je t'aime... et souvent

"Je rêve de toi ! Viens !" Mais au loin dans le vent

L'appel s'évanouit, impalpable fumée !

 

 

"O femme à qui je dois être uni pour jamais,

"J'offre, en abandonnant les autres que j'aimais,

"A ton cœur inconnu ces tendresses meurtries !..."

 

 

Et tu fixais, semblant interroger la mer,

Des mouettes, là-bas jouant sur les flots verts,

Perdu dans l'inquiète et douce rêverie...

 

***

 

 

Ce sonnet se trouve au début d'un petit volume, non paginé, édité à compte d'auteur en 1926 à Nancy par l'Imprimerie Centrale de l'Est et intitulé: "Amours et Ruines".

 

 

Je ne possède aucun renseignement sur son auteur. De l'adresse de son imprimeur, de la préface de son livre, due à "M. René D'AVRIL, Président de l'académie Stanislas" on peut sans doute déduire que Guy du COZDOUR était lorrain, au-moins d'adoption, peut-être nancéien.

 

 

Au début de cette préface, rédigée "en la fête de Noël 1925", monsieur D'AVRIL écrit: " L'auteur - le jeune auteur - de ces vers..." ce qui laisse supposer qu'il devait avoir moins d'une trentaine d'années.

 

 

(Note: Léon D'AVRIL, de son vrai nom Léon MALGRAS, est né à Toul en 1875 et décédé en 1966.)

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12 mai 2016 4 12 /05 /mai /2016 21:50

 

La Voix se tient sous la peau de chaque homme

elle est le sang qui bat à notre front.

Comme un berger, vers l'enfant qui la nomme

elle a guidé tous les mots qui viendront

gratter la gorge aux nigauds que nous sommes.

 

 

Quand vous nommez des palais des merveilles

vous agitez des alphabets déchus.

Un peu d'amour qui frappe à nos oreilles

pour qu'une fille écarte son fichu

et que le rêve habille son sommeil.

 

 

Il faut d'abord s'emparer du langage

d'où sont venues les lettres à genoux

pour demander qu'on recompte leur âge.

Pour un seul mot gisant sous les cailloux

il nous faudrait alerter cent rois mages.

 

 

A quoi sert-il de refuser de vivre ?

Est-il un chien qui n'est pas eu d'amour ?

Tous les châteaux et leurs flambeaux de cuivre

avaient volé la voix des troubadours.

Qui volera l'escarboucle des vouivres ?

 

                                  ***

 

Ce texte est tiré de: "Pour Monia" - Jeune Poésie NRF - Gallimard. 1957.

Cet ouvrage indique que Raymond LAFAYE est né en 1928 et que son premier volume de vers, "Sangs Déliés" fût publié en 1952.

 

Je trouve sur internet la trace d'un troisième ouvrage: " L'âme Dévorante", qui serait de 1950, voir:

 

http://www.amazon.fr/Raymond-Lafaye/e/B00J1FR0MQ

 

et enfin d'un quatrième: "Langages" sur:

 

https://books.google.fr/books?id=j947AwAAQBAJ&pg=PT319&lpg=PT319&dq=raymond+lafaye&source=bl&ots=4Y915719wg&sig=ndJhxPBPf25bRYwJHI-8eb-e3kQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwimrKKTudXMAhUG1hoKHRCCD9U4HhDoAQgbMAA#v=onepage&q=raymond%20lafaye&f=false

 

Il est possible que ce poète soit toujours en vie à la date où j'écris ceci (il aurait 88 ans).

 

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3 mai 2016 2 03 /05 /mai /2016 13:24

 

 

Pourquoi t'es-tu rasé les sourcils ? grande bête !

C'est pour les remplacer par un trait au pinceau ?

As-tu, dans un miroir, bien contemplé ta tête ?

Trouves-tu maintenant ton visage plus beau ?

 

 

Peut-être as-tu voulu, linot fol et fantasque,

Transformer ton minois, te métamorphoser;

Peut-être voulais-tu, pour moi, changer de masque,

Pour tes adorateurs, te singulariser...

 

 

Ces beaux sourcils épais, en parant ton visage,

Ajoutaient à l'éclat de tes yeux noirs de jais.

La mode ?...Ah ! te voilà maintenant à la page.

Pourquoi t'es-tu rasé tes beaux sourcils épais ?

 

 

Ce trait artificiel au-dessus de l'orbite,

Rectiligne et très long, te donne un air trop dur.

Tu n'as qu'à regarder ma mine déconfite

Pour avoir l'avant-goût de ton succès futur.

 

 

Toi, qui n'étais que rire et que grâce féline,

Toi, dont l’œil pétillait plein de vivacité,

Examine au salon ces potiches de Chine:

Ton sosie est peint là, dans sa solennité.

 

 

Ces Chinoises sans vie, aux poses flegmatiques,

Je ne les aime pas. Sans vouloir te froisser,

Je dis que, copiant leurs yeux hiératiques,

Tu t'es fait un visage apathique et glacé.

 

 

Reprends ton air mutin; reste une midinette.

Je souffre de te voir ce visage niais.

Si tu ne veux passer pour folle snobinette:

Laisse donc repousser tes beaux sourcils épais.

 

 

                                                                                           ***

 

 

 

J'extrais ce poème de: "Fantaisies" dans "Les Méandres du Coeur." Alphonse BEDOUCH. Librairie G. COULON. PARIS. 1933. Page 88-89.

 

Je ne possède, pour le moment, aucun renseignement sur cet auteur. Un grand merci d'avance à ceux qui en sachant plus me feraient part de leurs connaissances.

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21 mars 2016 1 21 /03 /mars /2016 17:24

 

Ce n’est pas dans le moment

où tu pars que tu me quittes,

Laisse-moi. Va, ma petite,

il est tard. Sauve-toi vite !

Plus encor que tes visites,

J’aime leurs prolongements.

 

Tu m’es plus présente, absente.

Tu me parles. Je te vois.

Moins proche, plus attachante,

moins vivante, plus touchante,

tu me hantes, tu m’enchantes !

Je n’ai plus besoin de toi.

 

Mais déjà proche, irréelle,

trouble, hésitante, infidèle,

tu te dissous dans le temps.

Insaisissable, rebelle,

tu m’échappes : je t’appelle.

Tu me manques : je t’attends.

 

***

 

Extrait du recueil "Toi et Moi" Stock 1958 (première publication en 1912).

 

***

 

Paul GERALDY n'est certainement pas un "inconnu" mais sa poésie est assez oubliée aujourd'hui, raison pour laquelle on le retrouve ici.

 

Ci-dessous quelques liens concernant cet auteur:

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_G%C3%A9raldy

 

http://lapoesiequejaime.net/geraldy.htm

 

http://evene.lefigaro.fr/citations/paul-geraldy

 

 

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 23:38

Qui pensait bâillonner la France ?

Ce ne sera jamais le cas,

Nous vivrons avec la souffrance

Et nos chants ne s’éteindront pas.

On nous dits « bavards » sans compter,

On nous dit « légers » d’apparence,

Mais nous aimons l’égalité

Et l’amour et la tolérance,

L’esprit, la table et la gaieté

Sans faire aucune différence.

Nous poursuivrons en liberté,

Nous nous appelons « Résistance »,

Nous nous appelons « Volonté »,

Chacun de nous signe « Espérance »

Et chacun dit : « Fraternité » ;

C’est ainsi que l’on vit en France.

Ce texte d'un auteur anonyme est déposé ici en hommage à toutes les victimes du 13 novembre 2015.

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 23:06

Marie-Yves soupèse en sa tête féconde

Ses amours évanouies, les étés envolés

Les instants éternels durant une seconde

Les caresses reçues et les baisers volés.

Le sable entre ses doigts coule comme la vie

Et la vague venant, succédant à la vague

Est comme les baisers qu'elle reçoit de lui

Chauds de promesse avant, et au souvenir vague.

Les bateaux sont partis, les hommes avec eux

O barques ennemies remplies d'ivres baisers

De goût et de chaleur, de force et de beauté !

- Je hais ces lourds soleils dont le sillage creuse

Dans la mer assoiffées les rayons révoltants

Qui rejettent l'amante aux mains des Korrigans !

J'extrais ce poème d'un petit ouvrage intitulé:

"Poètes de nos Provinces"

Publié en 1963 par Marcel FARGES aux Éditions de la VIe Moderne à Paris.

Ce petit livre de 60 pages reprend les poèmes de 33 auteurs de diverses provinces françaises, Joseph LABOUR pour lequel je n'ai pas trouvé d'éléments biographiques figure bien entendu parmi les auteurs de Bretagne.

Quant à Marcel FARGES, poète également, il existe sur lui une fiche sur le site de Gallica la Bibliothèque Nationale à cette adresse:

http://data.bnf.fr/11902264/marcel_farges/

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26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 21:56

Autour d'un fier donjon, saignant d'azur, épique,

La vigne en rangs serrés, investit le coteau;

C'est un vif bataillon qui s'élance à l'assaut

Couronné de feuillage et fourmillant de piques.

Le fleuve prisonnier livre aux prairies ses eaux:

Las et désespérant d'atteindre l'Atlantique,

Il se fait laboureur et l'hymen bucolique

Le marie à la plaine au lit blond des roseaux.

Quelques flots, en rampant, échappent au désastre

Le soleil les poursuit en vainqueur irrité

Et ces serpents s'enfuient sous les flèches de l'astre.

Ô ma France, gerbe de grâce et de beauté,

Par la plus noble race au plus doux ciel offerte

Que la gloire a lié de palmes toujours vertes !

Je tire ce texte d'un ensemble de trois sonnets intitulé: "Paysages de France" et paru dans le journal: "Les Lettres" du 1er Mai 1922, 4ème série, n°5, tome 1, pages 930-931.

Jean des Cognets (pour lequel on trouve aussi bien 1883 que 1884 comme date de sa naissance à St-Brieuc) est un homme de lettres et de presse catholique sur lequel les liens ci-dessous vous apporteront quelques détails supplémentaires:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_des_Cognets

http://www.infobretagne.com/cognets.htm

http://data.bnf.fr/12283656/jean_des_cognets/

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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 00:10

 

J’ai lu ce soir beaucoup de livres

Comme j’en ai lu d’autres soirs,

Des soirs où j’ai cessé de vivre

Ma vie – des soirs ou mes espoirs

 

Firent place aux espoirs des autres

Qui vivaient aux pages des livres :

Je fus même le bon apôtre,

Je dis comment il fallait vivre…

 

Et puis, j’ai tourné d’autres pages

Et je souffris du mal d’aimer…

Puis je fus le jeune homme sage,

Puis je me suis empoisonné…

 

J’eus de grands titubements ivres ;

J’ai senti la joie du néant,

De s’immobiliser et vivre…

Et je fus moi-même un instant.

               

Et puis j’ouvris un nouveau livre.

 

 

 

Extrait de la revue "VA!", 1ère année, janvier 1924, n°10-12, p. 238.

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