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21 juillet 2016 4 21 /07 /juillet /2016 15:42

A Madame D***

qui me demandait des vers sur son chat.

Des vers sur votre chat ! la matière est jolie !

Quoique ma muse ait peu d'éclat,

Un pareil ordre l'humilie.

Qui ! moi j'irais chanter un chat !

Moi qui voulais tenter de peindre votre image,

Cette bouche attrayante et ces yeux enchanteurs,

Ce son de voix si doux, cet élégant corsage,

Cette jambe, ce pied, tous ces charmes vainqueurs,

L'écueil et le tourment des cœurs !

Je sens à ces objets s'échauffer mon courage.

Mais un chat... n'est qu'un chat; le vôtre vous l'aimez.

Voyez son poil luisant ! voyez sa gentillesse!

C'est l'Amour-Chat: ainsi vous le nommez.

A tout moment votre main le caresse;

Vous pourriez mieux placer votre tendresse.

Le maudit chat ! Qui n'en serait jaloux ?

S'il n'est entre vos bras, il est sur vos genoux.

Je le baise à mon tour, mais vous devez comprendre

A quel dessein; c'est pour lui prendre

Les baisers qu'il reçoit de vous.

***

Ce texte provient de:

"La Petite Encyclopédie Poétique, ou choix de poésies dans tous les genres, par une société de gens de lettres. 1805. Tome 12. Page 198.

Il est signé "par Guichard".

Je présume qu'il s'agit du Jean-François GUICHARD, que Robert SABATIER cite brièvement dans son ouvrage "La Poésie du Dix-Huitième Siècle". Albin Michel. 1975. Page 107, dans son chapitre "Joyeux compères et Originaux:

"Jean-François Guichard (1731-1811) se contenta de se dire l'élève de Piron. Il joua avec le personnage de Monsieur Gobe-Mouche et tenta de réussir dans le genre léger.

On peut trouver quelques détails ou citations supplémentaires aux adresses ci-dessous.

Citations:

http://www.mon-poeme.fr/citations-jean-francois-guichard/

Biographie:

http://www.ruedesfables.net/jean-francois-guichard/

Et un détour inattendu par la franc-maçonnerie:

http://mvmm.org/c/docs/gr293.html

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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 23:05

Cinc, sept, douze, un, neuf, onze & vint

M'a de très-fine amour esprise;

Dès qu'à ma congnoissance vint

Cinc, sept, douze, un, neuf, onze & vint,

Je, sienne, & il tous mien devint,

Pour son renom que chascuns prise.

Cinc, sept, douze, un, neuf, onze & vint

M'a de très-fine amour esprise.

***

Ce poème est tiré du «Livre du Voir Dit par Guillaume de Machaut. Où sont contés les amours de Messire Guillaume de Machaut & de Peronnelle Dame d’Armentières. Avec les lettres & les réponses les ballades lais & rondeaux dudit Guillaume & de ladite Peronnelle ». Société des Bibliophiles François. A Paris. 1875.

Il figure dans la Notice, page 21, où se trouve expliqué le sens du premier vers de ce très musical rondeau-triolet. Les chiffres désigneraient les lettres qui permettent de retrouver le nom de guillaume de Machaut[1].

A la lecture de ses vers, Péronelle, dame d’Armentières, serait tombée amoureuse vers l’âge de 16 ans (18 selon d’autres sources) du poète Guillaume de Machaut (1300-1377), chanoine de son état, âgé alors d’une soixantaine d’années, de surcroît borgne et goutteux.

Elle aurait alors entamé avec lui une correspondance amoureuse en vers qu’elle lui aurait demandé de rendre publique dans un ouvrage. Guillaume de Machaut l’aurait exaucée au travers du « Voir Dit ».

Pour certains, cette jeune femme poète serait même devenue, en une occasion unique, la maîtresse de Guillaume, avant que de se marier avec un autre[2].

Pour d’autres au contraire, Péronelle n’est qu’un artifice littéraire du poète pour lui permettre d’écrire un ouvrage à « deux voix »[3][4].

[1] Voir sur le site Gallica-BnF, « le Livre du Voir Dit »: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65306736.r=Le%20livre%20du%20voir-dit%20de%20Guillaume%20de%20Machaut

[2] Johan Huizinga - L’Automne du Moyen-Âge. Version anglaise: The Wanning of the Middle-Age.

https://books.google.fr/books?id=nSzVAgAAQBAJ&pg=PA109&lpg=PA109&dq=%22p%C3%A9ronnelle+d%27armenti%C3%A8res%22&source=bl&ots=f00XaCKyEy&sig=u0ChSPJZTYHxN9wjfbJ-fa5Fjnc&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiLia3Rt4DOAhXB5xoKHWNMC_44ChDoAQglMAI#v=onepage&q=%22p%C3%A9ronnelle%20d%27armenti%C3%A8res%22&f=false

[3] Louis de Mas-Latrie Bibliothèque de l'école des chartes Année 1877 Volume 38 Numéro 1 pp. 188-190 http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1877_num_38_1_462198

[4] Les écrits féminins non-fictionnels du Moyen Âge au XVIIIe siècle
Un inventaire raison
http://aix1.uottawa.ca/~margirou/Repertoire-MoyenAge/P_auteur.htm

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 23:59

L'anglicane torpeur d'un dimanche à Genève

Éteint maussadement cette fête où ne luit

Ni lampe ni soleil. Il vente. Un mauvais rêve

Est ce qui nous tient lieu du réel aujourd'hui.

Le jour est gris, d'un gris d'absence. La fumée

Sent la Bible. Univers morne et sans clinamen, (1)

Un manège s'obstine en geignant et l'Armée

Du Salut dresse au Christ une baraque. Amen !

Plus forte que le dieu, sur l'estrade voisine,

Au bras d'un gigolo solitaire et valseur,

Une idole à froufrous, se balançant, fait mine

D'exister. Faux semblant de femme, avec lenteur

Elle mène, la tête en retard, en avance,

Le vivant, prisonnier du cadavre qui danse.

(L'autre côté du jour)

***

(1) au sens de "liberté".

Je tire ce texte du numéro 71 de septembre 1961 d'une petite revue: "La Tour de Feu - Revue Internationaliste de Création Poétique".

Ci-dessous quelques adresses où trouver d'assez maigres précisions sur ce poète français socialiste, pacifiste qui s'exile en Suisse lors du premier conflit mondial.

http://www.unifr.ch/grhic/revues/collaborateur.php?id=49

http://cgecaf.ficedl.info/mot3078.html

***

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8 juillet 2016 5 08 /07 /juillet /2016 00:36

Lorsque j'étais enfant, j'adorais la maraude;

Les fruits rouges tranchant sur la feuille émeraude

Tour à tour attiraient mes yeux, mon cœur, ma main;

Mon adresse et mon âge excusaient le larcin.

Plus tard, malgré ma mère et ses tendres alarmes,

J'ai chassé sans permis, en dépit des gendarmes;

Enfin, même en amour, je l'avoue aujourd'hui,

Je fus tenté souvent de mordre au bien d'autrui.

Malgré l'adieu sincère à la blonde Aphrodite,

Quoique l'art brûle seul ma poitrine d'ermite,

Un goût pillard me tient encore et, plein d'effroi,

Il me pousse à ravir ce qui n'est pas à moi.

O fantasque Gauthier ! dont la littérature

Ruisselle hardiment comme ta chevelure,

A moi, pauvre inconnu, pardonne le travers

D'avoir mal enchâssé ta prose dans mes vers;

D'avoir mal transplanté dans mes arides friches

Ton caprice charmant comme le frais lotus;

Bois ton champagne gai, fume et n'y pense plus.

Tu connais le proverbe: On n'emprunte qu'aux riches.

***

Ce poème est extrait de "Poésies - Ébauches et Fragments. Alexandre de Saint-JUAN. Besançon- Paul Jacquin , Imprimeur-Editeur. 1901. Page188-189.

L'auteur, de son nom complet Alexandre Desbiez, baron de Saint-Juan, descend d'une vieille famille de la noblesse de la Franche-Comté de Bourgogne sur laquelle les sites suivants donnent quelques renseignements supplémentaires:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Desbiez_de_Saint-Juan

http://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=armand+alexandre+amaury+eugene+dixmas&n=desbiez+de+saint+juan

A l'adresse suivante se trouve un autre texte de cet auteur, texte qui ne figure pas dans le recueil posthume décrit ci-dessus.

http://canope.ac-besancon.fr/vouivre//stjuan.htm

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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 22:42

Je venais justement d'achever un poème,

La Source, une balade. -(On peut la lire ailleurs.)-

"C'est à peu près cela, me disais-je en moi-même,

Il en est d'imprimés qui ne sont pas meilleurs."

Puis en le transcrivant sur une page blanche,

Je me le récitai, tout seul, à haute voix,

Afin de mieux sentir si la rime était franche,

Et si le vers coulait comme la source au bois.

On sait que des auteurs la vanité s'abuse;

Aussi, de plus d'un vers j'étais fier et jaloux,

Croyant y retrouver un accent de la muse

Qui descend quelquefois et vient chanter pour nous.

Comme je déclamais et me sentais en veine,

Ma femme entra, tenant par la main son cadet,

Enfant de quinze mois, qui sait marcher à peine,

Et se glisse partout, gai comme un farfadet.

Il ne connaît que trop la chambre paternelle,

Bizarre entassement de livres, de papier.

Il sait qu'à chaque pas c'est fortune nouvelle,

Lorsque du haut pupitre on se rend à l'herbier.

Surtout à la paroi l'attire un Malebranche,

Qui tout voisin d'un Kant, contemple gravement

Un Bèze vénérable, à grande barbe blanche; (1)

Il les montre du doigt et puis il dit: "Maman !"

Car c'est tout ce qu'il sait de notre langue humaine;

Seule sa mère existe et le reste n'est rien.

Première foi du cœur instinctive et sereine !

S'il ne croit qu'à sa mère au moins il y croit bien.

Avant de commencer son voyage ordinaire

Par les coins et les recoins de ce vaste univers,

Il voulut regarder ce que faisait son père

Et juger en passant si c'était prose ou vers.

La feuille devant lui s'étalait sur la table.

Il l'a vue, il l'a prise. Oh ! l'heureux âge d'or !

Age où la convoitise est une grâce aimable,

Où le fruit défendu n'existe pas encor !

Pendant quelques instants il lut à sa manière,

Grave, les yeux fixés sur le papier noirci.

La page était, je crois, tournée en sens contraire;

Mais les petits enfants lisent bien mieux ainsi.

Soudain il releva sa tête rose et blonde;

Nous vîmes son sourire illuminer ses yeux.

Non, jamais fleur d'azur dans la bruyère éclose

D'un plus joyeux regard n'a salué les cieux,

De candeur, de malice adorable mélange,

Ce sourire s'en va sitôt qu'on a péché.

Lui vient-il d'un lutin ? L'a-t-il appris d'un ange ?...

Cependant il froissait le poème ébauché.

Sa mère s'effraya: "Laisse faire, dis-je;

De l'idéal rêvé ces vers sont des lambeaux.

Il peut en effacer jusqu'au dernier vestige;

Au fond de ses yeux bleus j'en lis de bien plus beaux."

***

Ce texte est tiré d'un livre d'école, la "Chrestomathie Française" de A. VINET, Tome Premier Littérature de l'Enfance et de l'Adolescence chez Georges BRIDEL et Cie - Editeurs. Lausanne - 1922 dont l'édition revue par Eugène RAMBERT et par Paul SEIPPEL comportait un avertissement daté d'avril 1922 signé du mêmePaul SEIPPEL, auteur de son actualisation, dont je tiens à citer les premières lignes:

"La Chrestomathie de Vinet qui était déjà une personne vénérable en 1876, au temps où Eugène Rambert la révisa, a atteint et dépassé l'âge de quatre-vingt-dix ans. Quel est le livre de classe qui puisse se vanter d'une si belle vieillesse ?"

Cette édition contient une courte biographie d'Eugène RAMBERT dont j'extrais ceci:

"En faisant ici une place à Eugène Rambert, nous n'avons pas seulement eu l'idée toute naturelle de lui réserver un petit logement personnel dans cette maison dont il fut un des architectes; nous avons surtout voulu rendre un juste hommage à l'un des meilleurs d'entre nos écrivains romands, à l'un de ceux qui ont rendu le culte le plus fervent au "génie du lieu" et savent le mieux nous apprendre comment nous devons aimer notre pays (2).

L'intelligence d'Eugène Rambert fut universelle: critique littéraire, histoire naturelle, biographies (Vinet, Juste Olivier, Calame), essais, nouvelles, poésie lyrique, il aborda tous les genres avec cette rectitude d'esprit qui fut la marque de son talent. Son idée directrice fut que le progrès intellectuel devait être cherché dans une union de plus en plus intime de l'esprit littéraire et de l'esprit scientifique... Il en donna lui-même l'exemple et sut être à la fois savant et poète..."

Voir aussi:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Rambert

http://www.prix-rambert.ch/eugene-rambert-une-biographie

(1) Théodore de Bèze (1519-1605) humaniste et poète, converti à la Réforme, il en devînt l'un des théologiens et succéda à Calvin à Genève.

(2) La Suisse Romande: cantons de Genève, du Jura, de Vaud, de Neuchâtel, augmentés de certains territoires des cantons de Berne, de Fribourg et du Valais.

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22 juin 2016 3 22 /06 /juin /2016 10:25

A un fade adulateur, lequel en flattant le Marquis, voulait l'engager à prendre un jardinier, dont il cherchait à se débarrasser.

Quel écrit me vient d'Avignon !

Il est fade et par trop mignon;

Vous préconisez mon corsage, (1)

Mes yeux, mon nez, ma bouche enfin;

Fi ! L'on ne tient un tel langage

Qu'au giton ou qu'à la catin.

Et quant aux qualités du cœur,

Il n'en est point qui fasse honneur

Si l'on n'y joint la modestie.

Or, contre un éloge imprévu,

Vous savez son antipathie:

M'en avez-vous cru dépourvu ?

Mon humeur est de ne vouloir

De férule ni d'encensoir.

Mes pareils n'ont l'âme occupée

Qu'à recevoir d'un front serein,

Leurs ennemis, à coups d'épée;

Leurs amis, le verre à la main.

Enfin, je mets avec mépris,

Fleur et fleurette à même prix.

J'en veux à des choses plus vives.

Rien d'inutile en ma maison !

De vaillants buveurs pour convives:

Pour jardinier, un vigneron.

***

(1) corsage: Terme populaire qui signifie la taille. Cette paysanne est d'un beau corsage.

Dictionnaire de Furetière (1619-1688). (Voir: https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Fureti%C3%A8re )

Ce texte est extrait des "Oeuvres choisies de PIRON" - Classiques Garnier - 1927 (?)

- P. 225.

Voici quelques adresses où trouver de plus amples renseignements sur Alexis PIRON.

Attention, la dernière donne accès à la fameuse "Ode à Priape" qui pourrait choquer certains...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Piron

http://dijoon.free.fr/piron.htm

https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Alexis_Piron

http://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1

http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/ode-a-priape-ou-la-bourgogne-135705

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 15:02

Dans le murmure lent de la vague calmée,

Triste et tendre à la fois, chant mystique et mouvant,

Debout sur ce rocher, tu disais en rêvant

Des mots qui se perdaient dans la brise embaumée...

 

 

"Qui seras-tu ? toi qui dois-être mon aimée !

"Je ne te connais pas et je t'aime... et souvent

"Je rêve de toi ! Viens !" Mais au loin dans le vent

L'appel s'évanouit, impalpable fumée !

 

 

"O femme à qui je dois être uni pour jamais,

"J'offre, en abandonnant les autres que j'aimais,

"A ton cœur inconnu ces tendresses meurtries !..."

 

 

Et tu fixais, semblant interroger la mer,

Des mouettes, là-bas jouant sur les flots verts,

Perdu dans l'inquiète et douce rêverie...

 

***

 

 

Ce sonnet se trouve au début d'un petit volume, non paginé, édité à compte d'auteur en 1926 à Nancy par l'Imprimerie Centrale de l'Est et intitulé: "Amours et Ruines".

 

 

Je ne possède aucun renseignement sur son auteur. De l'adresse de son imprimeur, de la préface de son livre, due à "M. René D'AVRIL, Président de l'académie Stanislas" on peut sans doute déduire que Guy du COZDOUR était lorrain, au-moins d'adoption, peut-être nancéien.

 

 

Au début de cette préface, rédigée "en la fête de Noël 1925", monsieur D'AVRIL écrit: " L'auteur - le jeune auteur - de ces vers..." ce qui laisse supposer qu'il devait avoir moins d'une trentaine d'années.

 

 

(Note: Léon D'AVRIL, de son vrai nom Léon MALGRAS, est né à Toul en 1875 et décédé en 1966.)

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4 juin 2016 6 04 /06 /juin /2016 21:05

O nature, nous nous plaignons

Que des fleurs la Grâce est si brève

Et qu'aussitost que les voyons

Un malheur tes dons nous enlève.

Autant qu'un jour est long, autant

L'âge des roses a durée; (1)

Quand leur jeunesse s'est montrée,

Leur vieillesse accourt à l'instant.

Celle que l'étoile du jour

A ce matin a vu naissante, (2)

Elle-mesme au soir de retour

A vu la mesme vieillissante.

Un seul bien ces fleurettes ont,

Combien qu'en peu de temps périssent,

Par succès elles refleurissent

Et leur saison plus longue font.

Fille, viens la Rose cueillir

Tandis que sa fleur est nouvelle:

Souviens-toi qu'il te faut vieillir

Et que tu flétriras comme elle.

(1) comprendre: "a de durée"

(2) comprendre: "à ce matin a vue naissante"

Je trouve ce texte dans le volume: "Choix de Poésies. Joachim du Bellay-Pontus de Thyard-Rémy Belleau-Jodelle-J.A. de Baïf." Alphonse Lemerre. 1931. P.248.

Jean-Antoine de BAÏF, fils naturel de Lazare de Baïf, ambassadeur du roi François Ier à Venise , où Jean-Antoine naît en 1532, n'est bien sûr pas un "poète inconnu" mais un des membres de la Pléïade sans doute un peu oublié tout comme l'est également sa tentative d'introduire dans la poésie française une versification de même type que la versification grecque ou latine. Cette tentative donne naissance au "vers mesuré" qui nécessite la mise au point d'une graphie particulière afin que soit respectée la valeur longue ou courte des syllabes (voir: ci-dessous les liens). Il meurt en 1589.

Comment s'empêcher de mettre en regard du texte de Baïf la très célèbre ode à Cassandre de Ronsard ?

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avait déclose

Sa robe de pourpre au soleil,

A point perdu cette vesprée,

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ! ses beautés laissé choir !

Ô vraiment marâtre Nature,

Puis qu’une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vôtre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez votre jeunesse :

Comme à cette fleur la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

Quelques liens:

Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Antoine_de_Ba%C3%AFf

Les vers « mesurés » de BAÏF, site incontournable:

http://virga.org/baif/

Quelques œuvres supplémentaires :

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_antoine_de_ba_f/

et sur le plan biographique:

http://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-antoine-de-baif/

http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Ba%C3%AFf/171200

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25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 13:35

Jupiter, prête-moi ta foudre,

S'écria Lycoris un jour;

Donne que je réduise en poudre

Le temple où j'ai connu l'Amour.

Alcide, que ne suis-je armée

De ta massue et de tes traits,

Pour venger la terre alarmée

Et punir un dieu que je hais !

Médée, enseigne-moi l'usage

De tes plus noirs enchantements:

Formons pour lui quelque breuvage

Égal au poison des amants.

Ah ! si dans ma fureur extrême

Je tenais ce monstre odieux !...

Le voilà, lui dit l'Amour même,

Qui soudain parut à ses yeux.

Venge-toi, punis, si tu l'oses.

Interdite à ce prompt retour,

Elle prit un bouquet de roses

Pour donner le fouet à l'amour.

On dit même que la bergère,

Dans ses bras n'osant le presser,

En frappant d'une main légère,

Craignait encor de le blesser.

***

J'extrais ce texte de:

"Éléments de Littérature" par Marmontel. Tome Troisième. Firmin-Didot 1846. Page 21, article "Ode".

Dans cet ouvrage Jean-François Marmontel, 1723-1799, cite plusieurs fois de manière laudative ce poète, d'une valeur semble-t-il controversée à sa propre époque (où Voltaire l'avait surnommé "Gentil-Bernard") et dont la réputation s'est éteinte avant que de nous parvenir.

Quelques liens à son propos:

« L’art d’aimer et poésies diverses ». 1775.

https://books.google.fr/books?id=IaRZAAAAcAAJ&pg=PA139&lpg=PA139&dq=Tendres+fruits+des+pleurs+de+l%27aurore%2BBERNARD&source=bl&ots=q1ihY8Ij5l&sig=JAm_ejCk57_rKtgfIl3NzsePdyA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwie7cT-9vTMAhWInBoKHQe8AT8Q6AEIJjAD#v=onepage&q=Tendres%20fruits%20des%20pleurs%20de%20l%27aurore%2BBERNARD&f=false

Biographie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gentil-Bernard

et

http://data.bnf.fr/12030251/pierre-joseph_bernard/

Txts :

https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Art_d%E2%80%99aimer_%28Pierre_Joseph_Bernard%29

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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 09:35

A une Dame qui se plaignoit d'être âgée de quatre-vingt ans.

Avec les qualités à tant d'esprit unies,

Pouvez-vous regretter, Doris, vos premiers jours !

Vous êtes aujourd'hui la Reine des génies,

Et vous la fûtes des Amours.

Songez qu'il est bien peu d'hivers comme le vôtre

En vous laissant l'esprit, qu'a-t-il pû dérober

Doris, c'est proprement passer d'un trône à l'autre:

Appelle-ton cela tomber ?

***

Ce poème est extrait de: "Poësies Diverses par M. l'Abbé DE BERNIS. Nouvelle Edition, augmentée. A PARIS, Chex Charles-Robustel, Imprimeur-Libraire. M.DCC.LIX." (1759.)

Cet "Abbé de BERNIS", c'est:

François Joachim de Pierres de Bernis, le futur Cardinal De BERNIS

né en 1715 (au château de Saint-Marcel, Vivarais) et décédé en 1794 (à Rome), à qui ses vers "de jeunesse" causèrent quelques soucis avant que la faveur de la marquise de POMPADOUR ne fit de lui le dernier ambassadeur à Rome de sa majesté très chrétienne, le roi Louis XV.

Pour de plus amples renseignements:

Sur Wikipedia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Joachim_de_Pierre_de_Bernis

Un très bon site de son pays natal (Ardèche) :

http://medarus.org/Ardeche/07celebr/07celTex/bernis_cardinal.html

Ce qu’en retiennent ses confrères de l’Académie Française :

http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/francois-joachim-de-pierre-de-bernis

Un poème de Bernis:

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/cardinal_de_bernis/cardinal_de_bernis.html

Surtout sur Gallica, une édition (téléchargeable) de ses œuvres poétiques datée de 1882 :

http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-205007&M=tdm

et, en livres (entre autres):

"Le Cardinal de Bernis. 1715-1794. La belle ambition." de Jean-Paul Desprat. Perrin. 2000.

"Mémoires du Cardinal de Bernis." Le Temps retrouvé-Mercure de France. 2000.

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