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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 21:21
Dans mon jardin, mordu par le gel, quelques roses
Ont, par miracle résisté;
Confiant, aux rayons , trop pâles, qui s'y posent
Leur surprise de voir agoniser les choses,
Elles veulent croire à l'été.

Les mains de votre Ami, pieuses et tremblantes,
En ont cueilli deux... Les voici.
Las !... Elles vont mourir. Cependant elles chantent...
Et ce sont, croyez-le, des prières ferventes
Qu'elles veulent traduire ainsi.

Comme elles je mourrai. Je pressens mon automne,
Mais je me refuse à le voir.
Au fond de moi, discret et fou, l'espoir chantonne
Et les cruels tourments qu'une autre fleur me donne
Paient la rançon de cet espoir...



Extraits de: "Les Chants Perdus. Editions Gerbert. Aurillac. 1948".
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 21:42
Jean-des-bises, Jean souffleu,
Ne souffle pas cette année !
Jean-des-bises, Jean souffleu,
Si tu souffles, souffle peu !
Car dedans ma cheminée
N'y a pas de feu,
Mon fieu,
N'ya pas de feu.

Jean-des-bises, Jean souffleu,
Porte ailleurs ta poumonnée !
Jean-des-bises, Jean souffleu,
Songe qu'on a le nez bleu
Quand dedans la cheminée
N'ya pas de feu,
Mon fieu,
N'ya pas de feu.

Jean-des-bises, Jean souffleu,
J'ai ma fille nouveau-née,
Jean-des-bises, Jean souffleu,
Faudra donc la rendre à Dieu,
Si dedans ma cheminée
N'ya pas de feu,
Mon fieu,
N'y a pas de feu ?

Jean-des-bises, Jean souffleu,
Ne souffle pas cette année !
Jean-des-bises, Jean souffleu,
Ca fait mal parler de Dieu
Quand dedans la cheminée
N'y a pas de feu,
Mon fieu,
N'y a pas de feu.

Jean-des-bises, Jean souffleu,
Bientôt viendra l'autre année,
Jean-des-bises, Jean souffleu,
Si tu souffles peu;
Et dedans ma cheminée,
Soleil, fais du feu,
Mon fieu,
Soleil, fais du fieu !


Tiré de "Interludes - Poésies - Jean Richepin- Paris Ernest Flammarion Editeur - 1923."
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 21:24
Voici la danse des feuilles dans les allées,
Elle emporte l'espoir fleuri des mais nouveaux
Et des rythmes de mort descendent les vallées.

Le vent automnal balance les grands pavots
Qui penchent tristement l'orgueil de leurs corolles;
L'hiver attelle ses mystérieux chevaux.

Impassibles et froids ainsi que des idoles,
Le poitrail hérissé de neige et de glaçons,
Ils passeront avec de blanches auréoles.

Ils entraînent, loin de la joie et des chansons,
Vers les palais où pleurent les anciennes gloires
Parmi le souvenir des défuntes moissons.

Ils entraînent vers les grottes mornes et noires,
Où s'alanguissent les roses et les lilas,
Fleurs maigres dont l'ennui décolore les moires,

Monotone, le vent sonne toujours le glas
Des matins lumineux et des nuits étoilées,
Et fait tournoyer, sans jamais en être las,

La danse des feuilles mortes dans les allées.


Extrait des "Chevaleries Sentimentales" et publié  au "Mercure de France" 1927 dans un receuil de AD. Van Bever et Paul Léautaud intitulé: Poètes d'Aujourd'hui - Morceaux choisis".

Le poême ci-dessus est écrit en "terza rima"  ensemble de tercets dont la rime du vers central définit celle des 1ères et 3èmes lignes du tercet suivant.
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 21:10
Il est vray, vous estes si belle,
Qu'après vous il n'est rien  qui me puisse ravir,
Mais cessez d'être si cruelle,
Ou je cesse de vous servir.

Ne croyez point qu'il soit possible
Que mon coeur soit en feu quand le vôtre est glacé,
Pour chérir une âme insensible,
Il faut être bien insensé.

Je fuis les beautés plus divines
Quand le moindre mépris est parmis leurs appas,
Mesmes à cause de leurs espines
Les roses ne me plaisent pas.



Texte tiré de: "Poètes français ou Choix de poésies des auteurs du second et du troisième ordre des 15è, 16è, 17è et 18 è siècles." par J.B.J. CHAMPAGNAC. Paris. Ménard et Desenne fils. 1825.
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