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25 août 2018 6 25 /08 /août /2018 12:36

 

L’oiseau roi, fatigué de battre de ses ailes

                L’aérienne mer,

Sur le plus haut sommet des roches paternelles

                S’endort près de l’éclair ;

 

La source du rocher trouve enfin la prairie ;

                Philomèle un buisson ;

La diligente abeille une épine fleurie,

                Et le pâtre un vallon.

 

Mais, moi, qu’ai-je trouvé dans mon triste voyage ?

                Si ce n’est des déserts ;

Qu’ai-je vu du bonheur ? si ce n’est une image

                Errante par les airs.

 

Convive inaperçu, sans nom et sans couronne,

                J’ai tendu, mais en vain,

Aux buveurs enivrés dont l’essaim m’environne,

                La coupe du festin.

 

Vers mon siège isolé nul n’a tourné la tête ;

                Des dieux que j’invoquais

Nul n’a dit : « De nectar abreuvons le poète

                Assis à nos banquets. »

 

Et lorsque quelques pleurs au refus d’un sourire

                De mes yeux ont coulé,

Et que triste et muet j’ai regardé ma lyre,

Nul ne m’a consolé.

 

J’aurais dû le prévoir ! sur ma route déserte

                Pourquoi chercher des fleurs ?

Mon ciel est orageux et ma tente est couverte

De funestes vapeurs.

 

Fleuve obscur dont la source est sur ces monts sauvages

                Où mugit l’ouragan,

Solitaire j’irai par de mornes rivages

                Vers le vaste océan.

 

Et pourtant à mon âme une image est présente

                Suave de beauté,

De mes rêves d’enfant secrète confidente

                Et douce déité.

 

Soit que se revêtant de sa robe étoilée

                L’aube remonte aux cieux,

Soit que les pleurs du soir humectent la vallée

                Aux bois mystérieux ;

 

Je la vois cette image errante comme un songe

                Sous les pins odorants ;

Sur le rocher désert que blanchit et que ronge

                La vague des torrents.

 

Je la vois au milieu des nuages d’albâtre

                Qui flottent dans l’azur,

Sur les pliants roseaux et sur l’onde bleuâtre

                Du lac tranquille et pur.

 

Que dis-je ? en ce moment est-ce rêve ou délire ?

                Sous la voûte des bois,

Légère comme on feint le fabuleux Zéphyre,

                Cette ombre, je la vois.

 

Oh ! viens être adoré, dont cette image vaine

                Est un riant reflet,

Montre moi ton visage et tes tresses d’ébène

                A l’ombre du bosquet.

 

Viens, le vent du midi n’effeuille pas  les roses

                De l’amoureux berceau,

Et les ombres du soir à peine sont écloses

                Sous l’humide roseau.

 

Aimer, c’est le bonheur, viens ; passons, ma Sylvie,

                Par le même chemin,

Nous franchirons tous deux les portes de la vie

                En nous donnant la main.

 

Des fausse amitiés des heureux de la terre

                Ne soyons point jaloux,

Comme un couple d’oiseaux errant et solitaire

                Ne connaissons que nous.

 

Sous les lambris dorés que portent cent colonnes

                Aux marbres transparents,

Que les perles et l’or brillent sur les couronnes

                Des compagnes des grands.

La tienne n’offrira que les roses nouvelles

                Que flatte le zéphir ;

Mais les rois de l’aurore en ont-ils de plus belles

                Sous leur dais de saphir ?

 

Les profanes concerts, les champs dont les merveilles

                Bercent l’ennui des rois,

Ne retentiront point à tes chastes oreilles

                Sous nos rustiques toits.

 

Mais des cieux, chaque soir quand l’ombre vaporeuse

                Aura noirci les bords,

Si tu veux écouter de ma lyre amoureuse

                Les magiques accords,

 

Moins doux s’exhaleront de l’ombre du Méandre

                Les sons mélodieux,

Et les chants qu’à sa mort le cygne fait entendre

                Aux favoris des dieux.

 

Mais silence, quel bruit !sous la verte feuillée

                C’est elle cette fois ;

Sans doute elle dormait, elle s’est éveillée

                Aux soupirs de ma voix.

 

Non… c’est le tintement de la cloche sonore

                Par l’écho reproduit ;

Rien en vient, et le jour pâlit et s’évapore

                Dans le sein de la nuit.

 

O lyre ! c’est assez !... la douleur m’enveloppe

                D’un lugubre sommeil,

Et je penche mon front comme l’héliotrope

                Au coucher du soleil.

 

                               ***

 

Nota. Cette jolie pièce a été publiée par la GAZETTE DU BAS-LANGUEDOC, sans nom d’auteur.

 

                               ***

 

Ce texte est tiré de L’ECHO DES FEUILLETONS Recueil de nouvelles, contes, anecdotes, épisodes, etc. Par MM. J.-B. FELLENS et L.-P. DUFOUR. – Première Année – PARIS – Chez les Editeurs, rue Saint-Thomas-du-Louvre, 30, Près le Palais-Royal. 1841. P. 57-58.

Cet ouvrage numérisé est disponible à l’adresse ci-dessous :

https://books.google.fr/books?id=o-oaAAAAYAAJ&pg=PA57&lpg=PA57&dq=L%E2%80%99oiseau+roi,+fatigu%C3%A9+de+battre+de+ses+ailes&source=bl&ots=ad6uwxf9Uz&sig=6cFN6itAkdP1bJhZOx2jmky_70s&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiW4ILzi4jdAhXlmIsKHRo0DswQ6AEwAHoECAAQAQ#v=onepage&q=L%E2%80%99oiseau%20roi%2C%20fatigu%C3%A9%20de%20battre%20de%20ses%20ailes&f=false

 

                                                                               ***

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21 août 2018 2 21 /08 /août /2018 19:45

 

Dès que sous d’autres Cieux l’Ombre court et s’enfuit,

Que des feux du matin, l’Orient se colore,

Le Voyageur qu’intimidait la Nuit,

Charmé du lever de l’Aurore,

La salue et se réjouit.

Au Jour naissant son œil sourit encore

Quand l’éclatant Phébus dissipe ce Phosphore.

 

Le Dieu dont le regard féconde nos Guérêts,

Sur les Vallons et les Forêts

Verse du haut des Cieux les flots de sa lumière ;

Mais terminant bientôt sa brillante carrière,

Il emporte avec lui nos vœux et nos regrets.

 

Les Êtres bienfaiteurs de la Nature entière

Eprouvent les mêmes destins.

O mon Ami ! leur règne est un règne éphémère.

Vois-tu la jeune Flore émailler nos jardins,

Et mille objets charmants sous ses pinceaux renaître ?

Hélas ! après quelques matins,

Cet or et cet azur de la scène champêtre,

A nos yeux enchantés vont bientôt disparaître.

Cérès plus utile aux Humains,

Des végétaux, alimens de leur être,

Porte le symbole en ses mains ;

Et malgré tant de droits au Trône

Acquis par les bienfaits, consacrés par l’Amour,

Elle fuit au sombre séjour,

Et cède le sceptre à Pomone,

Qui doit le céder à son tour.

 

Ainsi, dans l’Océan des Âges,

S’abîment sans retour les heures et les ans :

Sous ta faulx meurtrière, ô Temps !

Je vois tomber les Héros et les Sages,

Et les Vertus et les Talens.

 

Quelle leçon pour nous que ces Métamorphoses !...

Sur le moment qui fuit, ne fondons nul espoir :

C’est le matin qu’il faut nous couronner de roses ;

Il ne serait plus temps de les cueillir le soir.

 

                               ***

Ce texte est extrait de l’ Almanach Littéraire, ou Etrennes d’Apollon pour l’année 1792 – Chez Mme la Veuve DUCHESNE et Fils, rue S. Jacques – DEFER DE MAISONNEUVE, rue du Foin S. Jacques, Hôtel de la Reine Blanche – 1792 – P. 17-18.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5494339k.texteImage

 

Biographie :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abb%C3%A9_Dourneau

 

https://www.ruedesfables.net/martial-dourneau/

 

Quelques éléments dans Curiosités de la bibliographie limousine – Gustave Clément-Simon – Limoges – 1905 – P. 67-72 :

 

https://books.google.fr/books?id=K8dwSBS8ZP4C&pg=PA67&lpg=PA67&dq=l%27Abb%C3%A9+DOURNEAU&source=bl&ots=zW4yTn63bC&sig=fux4CVkbMbvK7kp9obo1FFPSpz4&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjZ7Mvzsf7cAhUNJBoKHXy2DFAQ6AEwBXoECAUQAQ#v=onepage&q=l'Abb%C3%A9%20DOURNEAU&f=false

 

dans Journal d’un Bourgeois de Paris durant la Terreur – Edmond Biré - Vol. 4 – Perrin et Cie -  Non daté - P.150-151 :

 

https://books.google.fr/books?id=jsLSAAAAMAAJ&pg=PA150&lpg=PA150&dq=l%27Abb%C3%A9+DOURNEAU&source=bl&ots=8MNOMyS0B4&sig=Zq-gudHsIkxldFnnOe1xVz6P-Tc&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjZ7Mvzsf7cAhUNJBoKHXy2DFAQ6AEwB3oECAEQAQ#v=onepage&q=l'Abb%C3%A9%20DOURNEAU&f=false

 

et dans L’Esprit des Journaux François et Etrangers par une Société de Gens de Lettres – Octobre 1782 – Tome X – Onzième année – De l’Imprimerie du Journal – Avec Privilège :

 

https://books.google.fr/books?id=L5kUAAAAQAAJ&pg=PA201&lpg=PA201&dq=l%27Abb%C3%A9+DOURNEAU&source=bl&ots=8Kvlj3f3NV&sig=CO-s0w0879cxHqMuc3Ll1PvYFbw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjZ7Mvzsf7cAhUNJBoKHXy2DFAQ6AEwCXoECAIQAQ#v=onepage&q=l'Abb%C3%A9%20DOURNEAU&f=false

 

Œuvres :

 

Sur Gallica, L’épître à M. de B*** :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58573349/f5.image.texteImage

 

Ailleurs :

https://fr.wikisource.org/wiki/La_France_litt%C3%A9raire,_ou_Dictionnaire_bibliographique/Dourneau_(l%27abb%C3%A9)

 

De l’Abbé Martial DOURNEAU également :

EPIGRAMME

Sur un duel qui a fait du bruit.

 

Trop illustres rivaux à cervelles d'autruches,

Eh! de grâce, modérez-vous :

Se frapper avec des cailloux

Est très dangereux pour des cruches.

 

Source :

L’Esprit des Journaux François et Etrangers par une Société de Gens de Lettres – Vingt-Unième Année – Tome X –OCTOBRE 1792 -  P.300 - A PARIS, Chez la veuve VALADE, Imprimeur-Libraire, rue des Noyers.

https://books.google.fr/books?id=-ONfAAAAcAAJ&pg=PP431&lpg=PP431&dq=l%27Abb%C3%A9+DOURNEAU&source=bl&ots=efOUTu_giN&sig=qmMacZ01O_OKIptQbVB2nnOCk-s&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwioh_CBw_7cAhVSPBoKHUTpB7Y4ChDoATABegQICRAB#v=onepage&q=l'Abb%C3%A9%20DOURNEAU&f=false

 

                                                               *****

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21 août 2018 2 21 /08 /août /2018 13:57

 

Bien sont appariés vieillard et solitude.

Voiler les traits fâcheux de la décrépitude

Au sage est un devoir exigeant peu d’effort :

Il sait qu’il faut mourir devant que d’être mort.

Dieu vous donne vieillesse avecques solitude !

 

Qui ne touche à personne à nul ne fait du tort ;

En retour il ne craint noise ni servitude ;

Avec son compagnon jamais de désaccord :

Bien sont appariés vieillard et solitude.

 

En paix, dans l’insomnie, il rêve au dernier sort.

Si dans son cœur s’élève un vent d’inquiétude,

Le silence des champs et le berce et l’endort.

Dieu vous donne vieillesse avecques solitude !

 

Aux vieux le monde est froid, et l’âpre vent du nord

Nous y cingle souvent de sa courbache[1] rude.

Célé[2], je me soustrais à toute dent qui mord :

Bien sont appariés vieillard et solitude.

 

Graves sont mes défauts, et j’en ai du remords ;

Du moins je les supporte avec mansuétude :

Pour eux un tiers serait d’un esprit moins accort.

Croyez-nous, mariez vieillard et solitude :

Nulle épouse plus douce à la décrépitude.

Heureux de m’épargner la contrainte et l’effort,

J’attends de m’endormir dans les bras de la Mort.

Dieu vous donne vieillesse avecques solitude !

 

                                ENVOI

 

                Fiers jeunes gens qui rongez votre mors,

Un jour aurez même vicissitude :

Vous où la vie éclate en chauds transports,

Lors redirez, brisés de lassitude :

Bien sont appariés vieillard et solitude.

 

                               ***

 

Ce texte est extrait de l’ouvrage Modestes Observations sur l’Art de Versifier – Lyon – Bernoux et Cumin – 1893 – P. 303.

 Ce volume est une manière de traité de versification française remarquable par l’érudition de son auteur et l’intérêt de ses réflexions.

 

 

Biographie :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Clair_Tisseur

 

Données Gallica :

 

http://data.bnf.fr/11917757/clair_tisseur/

 

 Œuvres de Clair Tisseur concernant la poésie :

 

Modestes Observations sur l’Art de Versifier – Lyon – Bernoux et Cumin – 1893 :

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2037448

 

Pauca, paucis  recueil de poèmes (très mal numérisé) – Edition 1894 -Benoît et Cumin, Editeurs – Lyon :

 

https://archive.org/stream/paucapaucis00tissgoog/paucapaucis00tissgoog_djvu.txt

 

Et parfaitement numérisé sur Gallica, édition 1899 – Lyon :

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2412792/f1.image

 

Note : Clair TISSEUR est le frère de Jean TISSEUR (1814-1883) , de Barthélémy Tisseur(1812-1843) et d’Alexandre Tisseur (1819-1891) également poètes ou écrivains et lyonnais.

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Jean_Tisseur

 

http://data.bnf.fr/12915540/jean_tisseur/

 

Avec son autre frère, Alexandre TISSEUR il éditera un recueil posthume de ses œuvres : Lyon-Pitrat Aîné-1885 .

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5414665w.texteImage

 

Recueil des œuvres de Barthélémy TISSEUR sur Gallica :

Poésies de Barthélémy TISSEUR- LYON – PITRAT Aîné – 1885.

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5837807k

 

Biographie des frères Tisseur sur Gallica:

Les Quatre Tisseur – Ed. AYNARD – LYON – A. H. STORCK, Imprimeur-Editeur – 1896.

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5543799s/f9.image

 

 

 

 

                                                               ****

 

[1] Courbache : nm, fouet. Voir la définition du CRNTL : http://www.cnrtl.fr/definition/courbache

[2] Célé : probablement participe passé de celer : cacher. Voir : http://www.cnrtl.fr/definition/cel%C3%A9

 

 

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18 juillet 2018 3 18 /07 /juillet /2018 14:32

 

Les Marronniers.

                               Paris.

 

A peine le vingt mars a-t-il ouvert l’année

Que, frôlés des ramiers et des merles siffleurs,

Les marronniers aux larges mains pleines de fleurs

Effeuillent dans l’azur une neige étonnée.

 

Lumineuse oasis aux ombrages chantants,

Mais où dorment encore et les lis et les roses,

Les marronniers du Luxembourg, tout blancs, tout roses,

Au désert de la ville éveillent le printemps.

 

Accourez, accourez ! Votre fête commence,

Enfants, gais passereaux de cette cage immense

Dont les barreaux fleuris sont ces hauts marronniers.

 

Aspirez l’air qui passe et le rayon qui vibre

En votre geôle heureuse, aimables prisonniers,

Et, sans vous battre, ébattez-vous au grand ciel libre !

 

                                               ***

 

Les Peupliers.

                               Bagnoles de l’Orne.

 

Les peupliers, les grands et nobles peupliers,

                Vers la fraîcheur de vos rivières

Descendent, dédaigneux des montagnes altières

Et fiers d’être, ô vallons, vos arbres familiers.

 

Le ciel y vient dès l’aube entendre par milliers

                L’essor de vos voix buissonnières,

Et tout le jour un long ramage de prières

Vers son dôme d’azur monte en leurs verts piliers.

 

Puis le soir on les voit défiler dans la brume,

                Où l’or des étoiles s’allume,

Et parmi ces lueurs de cierges et d’encens

 

Les yeux cherchent là-bas à quel autel immense

                Vont ces mystérieux passants

Dont finit le cortège où l’infini commence !

 

                                               ***

 

Ces deux poèmes sont extraits de : Le Mois Littéraire et Pittoresque - Septième Année – Tome XIV – Juillet Décembre 1905 – Maison de la Bonne Presse – Paris – P 46.

 

Voici quelques liens concernant ce poète :

 

Biographies :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Achille_Paysant

http://www.remydegourmont.org/rg/necrologies/paysant.htm

http://www.biblisem.net/etudes/walpaysa.htm

 

Où trouver ses poèmes :

https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Achille_Paysant

https://books.google.fr/books?id=fyTSVc57Q9cC&pg=PA94&lpg=PA94&dq=Achille+Paysant&source=bl&ots=XAFiKz0zoI&sig=yXAjZtAudnnGuiH-3v5WUXPmHaI&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiFgd6v16jcAhUqBsAKHdVkANoQ6AEIQjAE#v=onepage&q=Achille%20Paysant&f=false

http://unpeudetao.unblog.fr/de-senectute-achille-paysant/

 

Données Gallica/BNF :

http://data.bnf.fr/13186725/achille_paysant/

                                              

                                               ***

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11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 00:06

 

Un Berger des Côteaux, contre un Pêcheur de Loire,

Disputoit un jour de la gloire

Des faveurs dont l’Amour daignoit le partager.

Un Pêcheur, disoit-il, peut-il se soulager

Quand un tendre désir le presse ?

Je veux qu’il ait une Maîtresse ;

Mais a-t-il l’heure du Berger ?

Ah ! lui dit le Pêcheur, quelle erreur est la tienne !

Un Berger a son heure, un Pêcheur a la sienne :

Car lorsque sur nos bords fleuris

Nous sommes avec nos Doris,

Qu’aux récits de nos feux leur tendresse redouble,

Et qu’une confuse langueur

Marque le trouble de leur cœur,

Alors nous pêchons en eau trouble,

Et c’est-là l’heure du Pêcheur.

                               ***

 

Ce texte est extrait du Tome IV (sur 4 : indication du vendeur de l’ouvrage) des Œuvres de Monsieur DE GRECOURT – Sans nom d’éditeur, lieu d’édition, ni date – P. 196. La reliure et la typographie évoquent le XVIIIe.

Ces pages offrent un autre motif d’étonnement.

En effet cet ouvrage contient des pièces dont la plupart voient leur titre s’associer à un nom d’auteur que ne désignent souvent que quelques lettres. Le texte ci-dessus est lui associé à un nom complet : Ferrand. On retrouve ce poète dans un ouvrage numérisé par la BNF :  Pièces Libres de M. FRERRAND et Poésies de quelques autres Auteurs sur divers sujets – A Londres Chez Godwin Harald – 1744. Voir :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k312604r.image

Je m’aperçois de plus que mon volume commence par le même poème que celui qui ouvre Le supplément de Grécourt ou collection de différentes pièces ; Tome quatrième, édition de 1790 (cité dans les liens ci-dessous), volume qui lui aussi fait se succéder des textes attribués à divers auteurs anonymisés par leur initiales, et qui semblent (je n’ai pu encore vérifier la totalité des deux ouvrages) être les mêmes  dans les deux livres.

La solution de cette petite énigme se trouve dans un autre livre, également numérisée par Google (voir le lien ci-dessous) : L’année Littéraire – Année 1761 – Tome V -  P. 155-156 qui nous indique qu’effectivement, ce quatrième tome ou Supplément de Grécourt rassemble  des œuvres de divers poètes à la suite des trois premiers tomes consacrés à Grécourt.

https://books.google.fr/books?id=lXlORKDUxusC&pg=PA157&lpg=PA157&dq=Le+suppl%C3%A9ment+de+Gr%C3%A9court+ou+collection+de+diff%C3%A9rentes+pi%C3%A8ces&source=bl&ots=hG1plAB7Me&sig=UJnET1-3llLaCJnXyO6LQc_oJso&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiqu_Dnw5XcAhVCwxQKHS9gDncQ6AEIOjAD#v=onepage&q=Le%20suppl%C3%A9ment%20de%20Gr%C3%A9court%20ou%20collection%20de%20diff%C3%A9rentes%20pi%C3%A8ces&f=false

 

Voici malgré tout et faute de pouvoir identifier l’auteur de notre poème, quelques liens concernant celui sous l’invocation duquel ce quatrième tome ou ce « supplément » se trouve placé, Jean-Baptiste de Grécourt :

Biographie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_de_Gr%C3%A9court

Biographie et poèmes de cet auteur :

https://www.ruedesfables.net/jean-baptiste-de-grecourt/

Les données de la BNF avec des liens vers ses œuvres numérisées (œuvres complètes en 8 tomes) :

http://data.bnf.fr/12002003/jean-baptiste_willart_de_grecourt/

Une chanson :

https://www.babelio.com/auteur/-Jean-Baptiste-Willart-de-Grecourt/353995

Les poésies diverse de M. de Grécourt, Première partie - édition de 1747 numérisée par Google :

https://books.google.fr/books?id=rkoGAAAAQAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=Gr%C3%A9court&source=bl&ots=ppNB4J620o&sig=SyoNTeu-0MkXjTvtFXolDO908nc&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi83evQtZXcAhUJXhQKHed-BW84HhDoAQguMAI#v=onepage&q=Gr%C3%A9court&f=false

Même titre mais 1750 :

https://books.google.fr/books?id=CmoVAAAAQAAJ&pg=PA151&lpg=PA151&dq=Gr%C3%A9court&source=bl&ots=qaYt7c5i_o&sig=96rwPzDIrrYysYsFnzmwF_J8ht4&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjistKUupXcAhVI7RQKHXWsBi84PBDoAQhEMAY#v=onepage&q=Gr%C3%A9court&f=false

Et Le supplément de Grécourt ou collection de différentes pièces ; Tome quatrième édition de 1790 :

https://books.google.fr/books?id=_UJWAAAAYAAJ&pg=PA33&lpg=PA33&dq=Gr%C3%A9court&source=bl&ots=R4EqMBFUYw&sig=vjCFCXKXdQAwZTS4dr54Az-sGFQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi83evQtZXcAhUJXhQKHed-BW84HhDoAQgxMAM#v=onepage&q=Gr%C3%A9court&f=false

On trouve également numérisés en « livres Google », les Œuvres Complètes,

Tome I (1764) :

https://books.google.fr/books?id=6oZQo1h1Yk4C&pg=PR2&lpg=PR2&dq=Gr%C3%A9court&source=bl&ots=PBy4Ufc1zH&sig=ivdli2mnsTcFNEbWXO7Js7HyJHQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiEoYDzt5XcAhXD1xQKHVtfAb44HhDoAQhBMAY#v=onepage&q=Gr%C3%A9court&f=false

Tome I  (1775):

https://books.google.fr/books?id=iK71jDYNmsgC&pg=PA236&lpg=PA236&dq=Gr%C3%A9court&source=bl&ots=9J4ZduaST_&sig=4bMfGxXUrHOyGATKGRHkll2gadU&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjjlP-juJXcAhVHxRQKHf9rB7s4KBDoAQhHMAc#v=onepage&q=Gr%C3%A9court&f=false

Et Les œuvres diverses de Grécourt - Tome premier  – Nouvelle édition – de 1768 :

https://books.google.fr/books?id=ogWcoyMMihYC&pg=PA87&lpg=PA87&dq=Gr%C3%A9court&source=bl&ots=4qHKjOgfbp&sig=vOltqkIq7ElVG5x8iGFadrTgbOQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi_6rjDuZXcAhVGshQKHeTlBHI4MhDoAQg8MAQ#v=onepage&q=Gr%C3%A9court&f=false

Tome second (1761) :

https://books.google.fr/books?id=N1xeAAAAcAAJ&pg=PA87&lpg=PA87&dq=Gr%C3%A9court&source=bl&ots=oR8IlwYhDD&sig=obgSUNGXwCjGy38VKqdiNLUgTRs&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjistKUupXcAhVI7RQKHXWsBi84PBDoAQgnMAA#v=onepage&q=Gr%C3%A9court&f=false

Son portrait (+ biographie) :

http://www.mba.tours.fr/TPL_CODE/TPL_COLLECTIONPIECE/98-18e.htm?COLLECTIONNUM=13&PIECENUM=240&NOMARTISTE=LATOUR+(d%26%23039%3Bapr%C3%A8s+Nicolas+Delobel+%3F)

 

                                                               ***

 

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7 juillet 2018 6 07 /07 /juillet /2018 21:20

 

En revenant le soir par les chemins d’automne

Dans le pâle brouillard qui mouillait les cheveux,

Tu n’as dit que ces mots : « Je me sens l’âme bonne »,

Et j’ai posé ma lèvre à peine sur tes yeux.

 

Sais-tu ce qu’apportaient ces mots simples qui sonnent

Comme un pardon d’amour en mon cœur ténébreux

Et ce que répondaient sur tes yeux qui frissonnent

Ce baiser de douceur et de silence heureux ?

 

Je n’ai plus regardé dans l’ombre ton visage,

Tu n’as plus demandé que je parle de moi…

Nous allions dans l’air gris qui voilait les images

 

Et qui calmait les bruits… Et nous sentions en nous

S’étendre à l’infini le merveilleux émoi

D’un accord apaisé dans le soir triste et doux.

                              

                                 ***              Vendredi, 7 décembre 1934.

 

 

Ce texte est tiré de L’Immortelle Espérance – Edition Charlot-Imprimerie Officielle Alger  – Sans date – P.50

 

Son auteur, Marcel-Edmond NAEGELEN n’est pas un « écrivain » mais un homme politique, poète à ses heures. Voici ce qu’il dit lui-même de ses vers au début de son ouvrage p.9 :

 

« J’ai connu dans ma vie deux périodes où me furent imposées de longues heures d’oisiveté. Soldat de 1914 à 1918, j’ai essayé d’échapper à la morne désespérance des tranchées autrement que grâce aux cartes, au vin, aux chansons tour à tour sentimentales et gauloises :j’ai écrit des vers. Je n’avais guère plus de vingt ans.

Chassé de ma province natale de 1940 à 1944, dans l’attente de la délivrance, j’ai de nouveau demandé secours au jeu des mots. J’avais atteint la cinquantaine.

On est excusable d’écrire des vers lorsqu’on est jeune ou lorsqu’on n’a rien de mieux à faire. Cela vaut bien pour s’arracher à l’ennui, les romans policiers, les mots croisés ou les échecs. J’avoue qu’il m’est arrivé dans les temps où je fus chargé de travail de m’échapper parfois et de faire entre 1919 et 1933 quelques rapides excursions dans un domaine qui m’a toujours séduit, domaine merveilleux où je ne fus jamais qu’un passant timide.

A l’âge où je suis, on aime à rassembler ses souvenirs. Je réunis ces vieux papiers pour moi, pour mon fils, pour mes amis. Je m’y retrouve, peut-être m’y reconnaîtront-ils. »

 

 

Voici quelques liens concernant cet auteur :

 

Éléments biographiques :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel-Edmond_Naegelen

http://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/5500

http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=108

 

Sur Gallica :

http://data.bnf.fr/12537495/marcel-edmond_naegelen/

 

Ses écrits (Gallica) :

http://data.bnf.fr/documents-by-rdt/12537495/70/page1

 

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10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 16:53

 

Les Mousquetaires de la République !

 

 

C’est une salle basse au seuil puant l’urine ;

Au rideau sale, aux murs poisseux, au plafond roux.

Quatre table, six bancs… C’est un piège à gros sous

Que le fisc a tendu sur les pas de l’usine.

 

On y boit dans du verre ébréché. La poussière

Vernit la cheminée où meurt un vieux chromo.

Le patron gras rustaud, vous connaît le bon mot

Qui fait, dans les gosiers, glisser l’affreuse bière.

 

Et c’est un temple où trône un dieu. On y combat,

Dans les âcres relents d’alcool et de tabac,

Pour saint Démocratos et pour la république.

 

Là, tandis qu’aux cités des femmes sont en pleurs,

Leur doux crétins d’époux, bavant la politique,

Ont des « remets-nous ça », la droite sur le cœur.

 

                               ***

Ce texte est tiré du volume : La Galère A Chanté – Poèmes – Théophile Malicet – Editions du Groupe Artistique « Arthur Rimbaud » - Charleville – 1946 – P. 67.

 

Voici quelques liens concernant cet auteur, forgeron puis syndicaliste :

 

http://stephanesalio.fr/tmalicet.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ophile_Malicet

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article119718

http://www.alexandrines.fr/nouzonville-malicet/

Un essai sur Debout, Frères de Misère de cet auteur :

https://journals.openedition.org/communicationorganisation/1818

 

                                                              

                               ***

 

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 22:01

 

Sombre Océan du haut de tes falaises

Que j’aime à voir les barques du pêcheur !

Et de tes vents, sous l’ombre des mélèzes,

A respirer la lointaine fraîcheur !

Je veux, ce soir, visitant tes rivages,

Y promener mes rêves les plus chers ;

J’aime de toi, jusques à tes ravages,

Mon cœur souffrant s’apaise au bruit des mers :

Sombre Océan, j’aime tes cris sauvages,

Les jours sont doux près de tes flots amers !

 

Sombre Océan, j’épuiserais ma vie

A voir s’enfler tes vagues en fureur ;

Mon corps frissonne et mon âme est ravie,

Tu sais donner un charme à la terreur.

Depuis le jour, où cette mer profonde

M’apparut noire aux lueurs des éclairs,

Nos lacs si bleus, la langueur de leur onde,

N’inspirent plus mes amours ni mes vers :

Sombre Océan, vaste moitié du monde,

Les jours sont doux près de tes flots amers !

 

Sombre Océan, parfois ton front s’égaie,

Épanoui sous l’astre de Vénus ;

Et mollement ta forte voie bégaie

Des mots sacrés à la terre inconnus

Et puis, ton flux s’élance, roule et saute,

Comme un galop de coursiers aux crins verts ;

Et se retire, en déchirant la côte

D’un bruit semblable au rire des enfers.

Sombre Océan, superbe et terrible hôte,

Les jours sont doux près de tes flots amers !

 

Sombre Océan, soit quand tes eaux bondissent,

Soit quand tu dors comme un champ moissonné,

De ta grandeur nos pensers s’agrandissent,

L’infini parle à notre esprit borné.

Qui, devant toi, quel athée en démence,

Nierait, tout haut le Dieu de l’univers !

Oui, l’Éternel s’explique par l’immense ;

Dans ton miroir j’ai vu les cieux ouverts…

Sombre Océan, par qui ma foi commence,

Les jours sont doux près de tes flots amers !

 

                               ***

 

Ce texte est extrait de l’ouvrage La France Littéraire – Poètes et prosateurs -Morceaux choisis de Littérature Française – Recueillis et annotés par L. HERRIG et G. F. BURGUY – BRUNSVIC – Georges WESTERMANN, Libraire Editeur – 1879 – P. 527.

 

Voici quelques liens concernant Emile DESCHAMPS :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Deschamps

 

et avec plusieurs poèmes de cet auteur :

https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:%C3%89mile_Deschamps

 

Les documents BNF le concernant :

http://data.bnf.fr/12270703/emile_deschamps/

 

Un résumé biographique :

https://www.lesvoixdelapoesie.com/poemes/poetes/emile-deschamps

http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Deschamps/172827

 

Consultable en partie gratuitement :

https://www.universalis.fr/encyclopedie/cenacles-romantiques/#i_86870

 

Sa traduction de Romeo et Juliette et Mac Beth de Shakespeare réalisée par Emile DESCHAMPS, PARIS – Au comptoir des imprimeurs unis – 1844. Livre numérié par Google :

https://books.google.fr/books?id=JKxfAAAAcAAJ&pg=PA174&lpg=PA174&dq=%C3%A9mile+Deschamps&source=bl&ots=9MZyeH2J1w&sig=PyxUTg-gVMnrRUgMjVtSkrIzKss&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwipisnu67rbAhXGaxQKHbTiBCU4FBDoAQhRMAg#v=onepage&q=%C3%A9mile%20Deschamps&f=false

 

Une curiosité : l’ouvrage Poésies de Antoni DESCHAMPS, dédié à son frère Emile-PARIS – H. L. DELLOYE Editeur – 1841, numérisé par Google :

https://books.google.fr/books?id=368UAAAAQAAJ&pg=PA43&lpg=PA43&dq=%C3%A9mile+Deschamps&source=bl&ots=50BO9SBcpm&sig=K8vp3MbXARHqqA2-0J_nnPe_MHk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwipisnu67rbAhXGaxQKHbTiBCU4FBDoAQhAMAQ#v=onepage&q=%C3%A9mile%20Deschamps&f=false

 

Poème de SAINTE-BEUVE à son ami DESCHAMPS :

http://www.poesie-francaise.fr/charles-augustin-sainte-beuve/poeme-a-mon-ami-emile-deschamps.php

 

                                                                               ***

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2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 16:05

 

Peuples que la valeur conduisit à la gloire,

Héros ceints des lauriers que donne la victoire,

Enfants chéris de Mars, comblés de ses faveurs,

Craignez que la paresse,

L’orgueil et la mollesse

Ne corrompent vos mœurs.

 

Par l’instinct passager d’une vertu commune,

Un Etat sous ses lois asservit la fortune,

Il brave ses voisins, il brave le trépas ;

Mais sa vertu s’efface,

Et son empire passe,

S’il ne le soutient pas.

 

Tels furent les vainqueurs de la fière Ausonie[1].

Ennemis des romains, rivaux de leur génie,

Ils imposaient leur joug à ces peuples guerriers ;

Mais Carthage l’avoue,

Le séjour de Capoue

Flétrit tous ses lauriers.

 

Jadis tout l’Orient tremblait devant l’Attique[2],

Ses valeureux guerriers, sa sage politique,

De ses puissants voisins arrêtaient les progrès,

Quand la Grèce opprimée

Défit l’immense armée

De l’orgueilleux Xerxès[3].

 

A l’ombre des grandeurs elle enfanta les vices,

L’intérêt y trama ses noires injustices,

La lâcheté parut où régnait la valeur,

Et sa force épuisée

La rendit la risée

De son nouveau vainqueur.

 

Ainsi, lorsque la nuit répand ses voiles sombres,

L’éclair brille un moment au milieu de ces ombres,

Dans son rapide cours un éclat éblouit ;

Mais dès qu’on l’a vu naître,

Trop prompt à disparaître,

Son feu s’anéantit.

 

Le soleil plus puissant du haut de sa carrière

Dans son cours éternel dispense sa lumière,

Il dissout les glaçons des rigoureux hivers ;

Son influence pure

Ranime la nature

Et maintient l’univers.

 

Ce feu si lumineux dans son sein prend sa source,

Il en est le principe, il en est la ressource ;

Quand la vermeille aurore éclaire l’Orient,

Les astres qui pâlissent

Bientôt s’ensevelissent

Au sein du firmament.

 

Tel est, ô Prussiens, votre auguste modèle,

Soutenez comme lui votre gloire nouvelle,

Et sans vous arrêter à vos premiers travaux,

Sachez prouver au monde

Qu’une vertu féconde

En produit de nouveaux.

 

Des empires fameux l’écroulement funeste

N’est point l’effet frappant de la haine céleste,

Rien n’était arrêté par l’ordre des destins ;

Où prospère le sage,

L’imprudent fait naufrage ;

Le sort est en nos mains.

 

Héros, vos grands exploits élèvent cet empire ;

Soutenez votre ouvrage, ou votre gloire expire ;

D’un vol toujours rapide il faut vous élever,

Et monter près du faîte,

Tout mortel qui s’arrête

Est prêt à reculer.

 

Dans le cours triomphant de vos succès prospères,

Soyez humains et doux, généreux, débonnaires,

Et que tant d’ennemis sous vos coups abattus

Rendent un moindre hommage

A votre ardent courage

Qu’à vos rares vertus.

 

                               ***

 

Ce texte est extrait de l’ouvrage La France Littéraire – Poètes et prosateurs -Morceaux choisis de Littérature Française – Recueillis et annotés par L. HERRIG et G. F. BURGUY – BRUNSVIC – Georges WESTERMANN, Libraire Editeur – 1879 – P. 412-413.

 

Le poème reproduit par ces auteurs est en fait l’Ode VIII, Aux Prussiens - Le Courage,  du volume Odes de Frédéric II voir , ci-dessous, le dernier lien.

 

Frédéric II de Prusse, dit Le Grand, n’est sans doute pas le plus connu des poètes écrivant en français, c’est à ce titre qu’il figure dans ces pages.

 

Voici quelques liens le concernant :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_II_de_Prusse

 

https://www.herodote.net/Frederic_II_de_Prusse_1712_1786_-synthese-430.php

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_II_et_les_Arts_%C3%A0_la_cour_de_Prusse

 

Sur le site Gallica/BNF, certains de ses écrits numérisés : L’Art de la Guerre - Poème :

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62864323/f4.image

 

et Les Conseils du Trône, donnés par Frédéric II dit Le Grand Aux Rois et aux peuples de l’Europe :

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58550515

 

Egalement à la bibliothèque Universitaire de Trèves :

 

http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/1/text/

 

et surtout  (ensemble des œuvres notamment poétiques):

 

http://friedrich.uni-trier.de/fr/static/biblio/bibliographie/oeuvres_primitives/

 

 

 

[1] Ausonie : nom poétique de l’Italie.

[2] Attique : la région autour d’Athènes, souvent utilisé pour désigner la Grèce en général.

[3] Xerxès Ier, roi des Perses, Ve siècle avant J.C., protagoniste de la seconde guerre médique (bataille des Thermopyles et victoire navale grecque de Salamine).

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31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 17:10

 

Parce que l’air est tiède et que le soleil luit,

Et parce que le vent fleure l’herbe nouvelle,

L’âne sent de confus désirs éclore en lui,

Et des songes fumeux monter à sa cervelle.

 

Maintenant oublieux des mots qu’il a soufferts,

Et du sort qui le voue aux brancards, à la trique,

Au harnais qui l’écorche, au bât qui mord sa chair,

Au féroce aiguillon des mouches faméliques ;

 

Ne se souvenant pas qu’il est le paria

Sur qui le poids des vieux opprobres s’accumule,

Que, l’ayant asservi, l’homme l’humilia

Et voulut, par surcroît, le rendre ridicule :

 

L’âne laisse la joie éparse du printemps

Se couler en ses os et dilater son âme,

Et, saisi tout à coup d’un délire éclatant,

De sa voix monstrueuse et barbare il acclame,

 

Il acclame, éperdu, le renouveau divin

Qui réjouit le cœur des hommes et des bêtes…

-Mais le pauvre être chante et s’évertue en vain,

Car ce n’est pas pour lui que commence la fête !

 

                               ***

 

Ce texte est extrait du volume Le Poème de la Maison – Louis MERCIER – PARIS – Calmann-Lévy – 1926 – P.171-172.

 

Voici quelques liens concernant cet auteur :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Mercier_(po%C3%A8te)

http://data.bnf.fr/12380375/louis_mercier/

 

Une biographie :  Louis MERCIER – Albert de BERSAUCOURT – PARIS – JOUVE et Cie -1912.

(Téléchargeable après inscription sur le site.)

 

https://www.archive.org/stream/louismercier00bersuoft/louismercier00bersuoft_djvu.txt

 

Autre biographie ou éléments biographiques de/à propos de Louis MERCIER :

 

http://forezhistoire.free.fr/louis-mercier.html

http://saintsymphoriendelay.kazeo.com/louis-mercier-poete-a121168428

 

Deux poèmes sur le site Babelio :

https://www.babelio.com/auteur/Louis-Mercier/344767

 

Un autre poème :

http://unpeudetao.unblog.fr/la-chandeleur-louis-mercier/

 

Un autre poème :

http://www.biblisem.net/meditat/mercimai.htm

 

Et :

http://www.spiritualite-chretienne.com/poesie/lenoel10.html

 

L’ouvrage Le Poème de la Maison numérisé ( Fac-simile - Edition Horvath – ROANNE.) sur le site Gallica.

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33213110.texteImage

                                                        ***

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