Chanson ;
Par M. DE MIRAMOND
AIR : Du noir au blanc, du blanc au noir
1.
Trop longtemps des fers odieux
Ont fait gémir la France :
En vain elle priait les Dieux
De finir sa souffrance.
La liberté songe a Français
Qui l’a si bien servi,
Et veut, pour prix de ses bienfaits,
Secourir sa patrie.
2.
Mais qui sera son Ecuyer ?
Il le faut brave et sage.
J’ai, dit-elle, mon Chevalier ;
Avec lui je voyage,
En Amérique, de son bras
Je fus très satisfaite ;
Qui pourrait mieux guider mes pas
Que n’a fait LA FAYETTE ?
3.
Elle arrive : à l’œil enchanté
Comme elle paraît belle !
On admire, on est transporté ;
Tous les vœux sont pour elle ;
Des couleurs qu’offrent ses atours
On se pare la tête ;
Chacun, au péril de ses jours,
Veut faire sa conquête.
4.
Ses regards changent en Héros
Le Citoyen paisible :
Au Français qui suit ses Drapeaux
Il n’est rien d’impossible.
La Déesse, sous des lauriers,
En souriant, contemple
Ce nouveau peuple de Guerriers,
Qui lui consacre un Temple.
5.
Comme on voit, sur les Toîts nouveaux,
Bouquets d’heureux présage,
Marquer le succès des travaux
Et la fin de l’Ouvrage ;
L’Etendart de la LIBERTE
Du Temple est le faîte ;
Et par LA FAYETTE planté,
Il brave la tempête.
***
Ce texte est extrait de :
Almanach Littéraire ou Etrennes d’Apollon pour l’année 1791
Contenant de jolies Pièces en prose, et en vers, des saillies ingénieuses, des variétés piquantes, et de Anecdotes curieuses.
Chez Mme La Veuve Duchesne et Fils, rue S. Jacques ;
Defer De Maisonneuve, rue du Foin S. Jacques, Hôtel de la Reine Blanche.
Page 187-8.
Je n’ai pas trouvé de biographie de cet auteur, je donne ci-dessous les quelques éléments d’ailleurs incertains, qu’une recherche sur son nom m’a permis de trouver.
Il semble plausible que l’auteur de ce petit texte soit bien ce Louis Jacques DE MIRAMOND, né en 1748 et ancien garde du corps écossais[1], également qualifié « d’homme de Lettres » et possible d’imaginer que ce dernier est l’élève versaillais des collèges de Mazarin et de la Marche dont on trouve la trace en 1763 et 1765 (voir ci-dessous).
Recherche sur M. DE MIRAMOND:
Les Etrennes d’Apollon de 1792. Ebook gratuit sur Google Books - P. 62-66, un poème du même auteur : Imma, sur les amours d’Imma, fille naturelle de l’empereur Charlemagne et d’Eginhard, un des principaux érudits de sa cour, auteur d’une biographie du prince : la Vita et Gesta Caroli Magni.
Je trouve trace d’un autre poème composé par un M. de Miramond sur le site de la bibliothèque municipale de Senlis : Le bal en carême, 1784, où l’on apprend que l’auteur se prénomme J. L. (Jean Louis ? Joseph Louis ? Jacques Louis , ou Ludovic ? etc).
http://www.bmsenlis.com/sitebmsenlis/fda/notice.php?param=721120936
On retrouve un Jean Louis de MIRAMOND, fils d’Etienne de MIRAMOND, empeseur ordinaire et cravatier du roi, P. 358 de l’ouvrage L’Etat de la France – Volume 1 – 1722, s’agit-il de notre auteur ? C’est peu probable car, à supposer même qu’il ne comptait pas plus de dix ans en 1722, date de parution de ce volume, il serait vraiment très âgé lors de la Révolution, époque à laquelle ce poète publie des poèmes dans les Etrennes d’Apollon de 1791 et 1792.
Ne serait-ce pas plutôt ce Louis-Jacques de MIRAMOND, « ancien garde-du-corps écossais et homme de lettres », né en 1748 que nous fait découvrir une fiche du fichier Bossu sur la franc-maçonnerie ?
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10000188x/f486.image
« Le fichier Bossu, entré par legs en 1987 et composé de 130 000 fiches biographiques rédigées par l’historien Jean Bossu, est un fichier nominatif des maçons français réputé exhaustif, en l’état des sources existantes, jusqu’en 1850. »
Dans le Journal historique sur les matières du temps, tome 8 de Juillet 1765, page 224-5, je note qu’un Louis-Jacques de MIRAMOND, de Versailles, élève au collège de la Marche a obtenu un accessit en Amplification Françoise. Celui dont il est question ci-dessus avait dix-sept ans à cette date, ce pourrait donc être lui dont il est question.
Dans le tome 94 de septembre 1763 de ce même ouvrage un Louis-Jacques François de MIRAMOND, toujours de Versailles mais au collège Mazarin, obtient un accessit en Version de Latin en François…
Note : 20 années (en 23 numéros) des Etrennes d’Apollon sont disponibles (numérisés) sur Gallica, voir ci-dessous :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32689659t/date
NOTE du 12 février 2019:
J'ajoute à ces liens celui qu'un lecteur anonyme vient de me faire parvenir. Ce lien identifie l'auteur dont il est question ici à ce Louis-Jacques de MIRAMOND dont il est question plus haut. Je remercie vivement ce lecteur pour sa contribution.
http://mvmm.org/c/docs/pi/pi61.html#m
***
[1] Les Gardes du Corps Écossais sont les héritiers de de la garde d’archers écossais crée par Charles VII en 1422.