Ces pièces sont tirées de l’ouvrage Nouveaux Triolets Frondeurs ou Les Triomphes de la Fronde – 1650. Aucun nom d’éditeur. Le volume comporte douze triolets pour la plupart assez maladroits.
Volume numérisé accessible sur Gallica http://www.gallica.bnf.fr/
Les jolis Triolets frondeurs
Par qui la Fronde est exaltée,
Car des plus grands Triomphateurs,
Les jolis Triolets frondeurs,
Et des plus superbes vainqueurs
Elle ne fut jamais domptée,
Les jolis Triolets frondeurs
Par qui la Fronde est exaltée.
***
A ce grand Geant Philistin
Elle a sceu abattre l’audace,
Qui fut par un bras enfantin,
A ce grand Geant Philistin
Elle fit rencontrer la fin
D’un coup le jettant sur la place,
A ce grand Geant Philistin
Elle a sceu abattre l’audace.
***
Fut du petit Pasteur David,
Qui apres fut Roy et Prophete,
Du Geant vainqueur il se vid,
Fut du petit Pasteur David,
A qui un grand bon-heur suivit
Apres une telle defaitte,
Fut du petit Pasteur David,
Qui apres fut Roy et Prophete.
***
Il faut que dans nos Triolets
Notre Fronde soit bien prisée,
Ses coups vallent bien des boulets,
Il faut que dans nos Triolets,
Aussi bien que des pistolets
Elle a une belle visée,
Il faut que dans nos Triolets
Notre Fronde soit bien prisée.
***
Car nos bons François, aguerris
Par le seul moyen de la fronde,
Avec elle ils font grand debris,
Car nos bons François aguerris,
Des morts, des blessez, des meurtris,
Faisant ranger tous ceux qui grondent,
Car nos bons François, aguerris
Par le seul moyen de la fronde.
***
Ils ne veulent point pour fronder
Des casques et des cottes de maille,
Ne craignent point se hazarder,
Ils ne veulent point pour fronder,
On se plaist à les regarder
Victorieux dans ces chamailles,
Ils ne veulent point pour fronder
Des casques et des cottes de maille.
***
Si vous entendez un bel air
La Fronde y sera eslevée :
Car ses coups comme un esclair,
Si vous entendez un bel air,
Et Beaufort[1] ce grand Duc et Pair
Fort agreable l’a trouvée,
Si vous entendez un bel air
La Fronde y sera eslevée .
***
Parisiens vous emporterez
Sur tous les autres l’advantage,
Et pendant que vous fronderez
Parisiens vous emporterez,
Sans cesse l’honneur vous aurez,
Ne quittez donc pas le frondage,
Parisiens vous emporterez
Sur tous les autres l’advantage.
***
Nostre Fronde un temps a esté
Qu’elle estoit comme ensevelie,
Son nom n’estoit plus esclatté,
Notre Fronde un temps a esté
Son honneur presque plus vanté,
Bref elle estoit comme abolie,
Nostre Fronde un temps a esté
Qu’elle estoit comme ensevelie.
***
Souvent ce qui est abbatu
Glorieusement se releve :
Car nostre Fronde et sa vertu,
Souvent ce qui est abbatu
Pourra vaincre le plus testu,
Il faut donc que d’elle on se serve,
Souvent ce qui est abbatu
Glorieusement se releve .
***
Vive le Monarque François,
Et sa Mere sage et pieuse,
Et de Beaufort Prince courtois,
Vive le Monarque François,
Et puis qu’on crie à haute voix,
Vive aussi la trouppe frondeuse,
Vive le Monarque François,
Et sa Mere sage et pieuse
***
Frondeurs vos noms seront gravez
Sur de l’or, non sur de la cire,
Car braves gens estes trouvez,
Frondeurs vos noms seront gravez,
Et vos tombeaux mesmes eslevés
Sur piliers de Jaspe et de Porphire,
Frondeurs vos noms seront gravez
Sur de l’or, non sur de la cire.
***
FIN.
[1] François de Bourbon-Vendôme, petit-fils de Henri IV et de Gabrielle d’Estrée, voir le lien ci-dessous.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Vend%C3%B4me