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13 mai 2017 6 13 /05 /mai /2017 18:07

Sainte-Pélagie.

 

Air des Chevilles de maître Adam.

 

Amis, voici la riante semaine

Que tous les ans je fêtais avec vous.

Marotte en main, dans le char qu’il promène,

Momus[1] au bal conduit sages et fous.

Sur ma prison, dans l’ombre ensevelie,

Il m’a semblé voir passer les Amours.

J’entends au loin l’archet de la Folie :

Ô mes amis, prolongez d’heureux jours !

 

Oui, je les vois ces danses amoureuses

Où la beauté triomphe à chaque pas ;

DE vingt danseurs, je vois les mains heureuses

Saisir, quitter, ressaisir mille appas.

Dans ces plaisirs que votre cœur m’oublie :

Un seul mot triste en peut troubler le cours.

J’entends au loin l’archet de la Folie :

Ô mes amis, prolongez d’heureux jours !

 

Combien de fois, auprès de la plus belle,

Dans vos banquets j’ai présidé chez vous !

Là de mon cœur jaillissait l’étincelle

Dont la gaîté vous électrisait tous.

De joyeux chants ma coupe était remplie ;

Je la vidais, mais vous versiez toujours.

J’entends au loin l’archet de la Folie :

Ô mes amis, prolongez d’heureux jours !

 

Des jours charmants la perte est seule à craindre ;

Fêtez les bien, c’est un ordre des cieux.

Moi, je vieillis, et parfois laisse éteindre

Le grain d’encens dont je nourris mes dieux.

Quand la plus tendre était la plus jolie,

Des fers alors m’auraient paru bien lourds.

J’entends au loin l’archet de la Folie :

Ô mes amis, prolongez d’heureux jours !

 

Mais accourez, dès qu’une longue ivresse

Du calme enfin vous impose la loi.

Dernier rayon, qu’un reste d’allégresse

Brille en vos yeux et vienne jusqu’à moi.

Dans vos plaisirs ainsi je me replie ;

Je suis vos pas, je chante vos amours.

J’entends au loin l’archet de la Folie :

Ô mes amis, prolongez d’heureux jours !

 

                            ***

 

Béranger n’est évidemment pas un poète « inconnu » mais il est un peu oublié et c’est à ce titre qu’il figure ici.

 

Ce texte est tiré du volume : « Œuvres Complètes de J. P. DE BERANGER contenant Les Dix Chansons Nouvelles - Edition Elzévirienne – Paris – Perrotin, Libraire. 1850. » P 350.

 

Comme le sous-titre l’indique, ce texte a du être composé pendant l’incarcération de Béranger à la prison de Sainte-Pélagie, une peine que lui avaient valu ses poèmes hostiles à la monarchie.

 

Voici quelques liens concernant sa biographie ou ses poèmes.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Jean_de_B%C3%A9ranger

 

http://www.universalis.fr/encyclopedie/pierre-jean-de-beranger/

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Pierre-Jean_de_B%C3%A9ranger

 

http://www.cndp.fr/entrepot/baccalaureat-musique/le-timbre/biographies/pierre-jean-de-beranger.html

 

Plusieurs textes de Béranger :

 

http://www.poesie-francaise.fr/poemes-pierre-jean-de-beranger/

 

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/recherche.php

 

[1] Momus, Momos: mythologie grecque, dieu de la raillerie et de la dérision.

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